janv.
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Quel modèle productif compatible avec une économie de la décroissance ?
Description
Destruction de l'environnement et de la biodiversité, exploitation des
populations et des ressources, prédation ultracapitaliste et
accroissement des inégalités, etc. Mais aussi vieillissement de la
population et ralentissement de la productivité… La croissance peut-elle
rester un objectif crédible de nos politiques économiques ?
La
question de la production locale et donc d'une certaine forme de
réindustrialisation se pose comme un enjeu majeur pour la résilience
territoriale aussi bien au niveau de l'activité économique et des
emplois, que de la maîtrise des impacts environnementaux, que de
l'acceptation sociale de ces activités productives.
L'économiste
Renaud Vignes parle de "Permaindustrialisation". Elle permet
l'émergence d'écosystèmes coopératifs et des principes de low-tech
industriels. Elle serait un des leviers de transformation de notre
économie pour aller vers un territoire qui prenne en compte les limites
planétaires et le plancher social. Mais répond-elle pour autant à une
économie de la décroissance ? Le coût de production est un défi pour
certain·e·s entrepreneur·e·s : comment le baisser ? En coopérant et en
changeant d'échelle, bien sûr. Et on ne peut changer d'échelle
robustement qu'en coopérant.
Renaud Vignes présentera le cadre
théorique de notre discussion puis Amerma et AÏKi, deux projets du
territoire, présenteront comment leurs activités s'inscrivent
concrètement dans cette direction, mettant en avant la coopération
d'acteurs et la low-tech.
Amerma est une association marseillaise
pour l'étude, l'accompagnement et la mise en œuvre de nouvelles
approches industrielles et productives durables et à moindre impact
environnemental, dans le but de produire au niveau local les biens et
services essentiels au territoire et à sa transition écologique et
sociale. Dans ce cadre, Amerma souhaite organiser l'émergence de
coopératives techniques (plateformes techniques mutualisées, en
gouvernance coopérative) à destination de secteurs d'intérêt, pour
contribuer au développement des pratiques productives responsables sur
le territoire : coopérative pour la rénovation écologique du bâti,
coopérative des mobilités et logistique bas carbone, coopérative pour
l'alimentation durable, etc. On peut ainsi parler d'un objectif de
croissance des activités productives écologiques locales, pour une
décroissance générale des flux de matière et d'énergie ainsi que des
pratiques de production et de consommation prédatrices et délétères.
Amerma est un projet incubé par Inter-Made.
AÏKi est un acteur de
la transition du bâtiment. AÏKi propose l'accompagnement (AMO), le
pilotage (OPC), la maîtrise d’œuvre d'exécution (MOEX), de projets de
bâtiment, en neuf ou réhabilitation. Le monde de la construction est en
transition et doit se réinventer. AÏKi explore, élargit le champ des
possibles, et tente de répondre aux enjeux de demain (aide au
développement de la filière construction bois régionale, utilisation de
matériaux bio-sourcés).
Renaud Vignes est docteur en sciences
économiques. Ses engagements actuels visent à populariser les enjeux du
concept d’écosystème coopératif comme base de la réindustrialisation de
nos territoires. Il développe la notion de technocapitalisme (cf
l'ouvrage L’impasse), forme qui a en particulier une très lourde
responsabilité en matière d’inégalités sociales et de catastrophe
environnementale. Il s’intéresse plus particulièrement aux conséquences
de la désindustrialisation (naissance de « l’homme inutile » de P-N.
Giraud et marginalisation de nombre de territoires). Pour dépasser cette
désindustrialisation, il faut imaginer un nouveau modèle productif et
les travaux de N. Georgescu-Roegen sont particulièrement instructifs à
cet égard.